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Depuis ma première rencontre avec On hour by the concrete lake, il y a bientôt deux décennies, l’annonce d’un nouvel album de Pain of Salvation a toujours entrainé en moi une curiosité mêlée d’excitation. Certains sont devenus pour moi des classiques intemporels (Remedy Lane, The perfect element pt 1), d’autres ont frôlé ce statut (Be, One hour by the concret lake, Road salt 2) et même les moins marquants (Entropia, Road salt 1, Scarsick) demeurent encore aujourd’hui de belles réussites musicales. Il faut dire que Daniel Gildenlöw et sa bande ont toujours su y faire, pour faire dans la citation cinematographique archi-facile « [Pain of Salvation] c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber » (Rire gras). En effet, si l’on excepte bien entendu le duo Road salt, chaque sortie propose un nouveau visage, tant sur le plan musical, que conceptuel.Qui plus est, les six années de quasi hiatus (qu’une très vilaine bactérie (ayant au final très logiquement servi de source d’inspiration Daniel lors de l’écriture de The passing light of day) n’a fait que rallonger) depuis la sortie du dernier album studio ont contribué à faire naitre encore plus d’interrogations et d’attentes. Notamment LA plus grande question hantant jour et nuit les fans de la première heure depuis plusieurs années: à savoir si les origines prog-metal du groupe allaient revenir au goût du jour alors même que Remedy Lane venait de fêter ses 15 ans?

Voici donc ma tentative de réponse à cette question, ainsi que mes impressions à froid (ou presque)… libre à chacun d’y adhérer ou de me flageller avec des ronces acérées. Roulement de tambour.

Tout d’abord, je me suis souvenu de la règle d’or inhérente à toute sortie d’un nouveau disque de Pain of Salvation: laisser le tout fermenter, mûrir au fil des écoutes, et ne surtout pas porter de jugement hâtif qu’il soit enthousiaste ou non. Il m’avait fallu plusieurs semaines pour découvrir toute la grandeur de Remedy Lane, quelques mois pour que The perfect element pt 1 et One hour by the concrete lake soient pleinement appréhendés… et que dire de Be? J’ai donc passé le mois de décembre au chaud avec The passing light of day comme bande-son. La première écoute fut très (très) encourageante, l’album frappant d’entrée par son gros son, son atmosphère globalement sombre et… j’en parlais plus haut en entretenant un suspens à 2 euros, les passages les plus typés prog-metal enregistrés par Pain of Salvation depuis Scarsick (voire, Remedy Lane). Voilà c’est dit. L’intro de « Reasons » m’a même rappelé mes années Spock’s beard, c’est vous dire! Je fus également séduit d’entrée par les textes extrèmement personnels (les plus « intimes » depuis, je vous le donne en mille… Remedy Lane) s’articulant autour du très long séjour de Daniel à l’hôpital il y a tout juste trois ans et proposant de jolies réflexions sur l’existence, la mort, la famille et bien d’autres sujets que je vous laisse découvrir.

Les semaines ont passé, la neige est (un peu) tombée, et aujourd’hui, à quelques jours de la sortie officielle de The passing light of day et de l’investirure de Donald « grab her by the pussy » Trump, j’estime avoir un avis bien plus fiable sur la question. Le léger parallèle avec Remedy lane mentionné précédemment me semble encore plus clair désormais tant ces deux disques ont de choses en commun. A commencer par leur atmosphère mélancolique et par moment presque désespérée (le trio « Angels of broken wings », « If this is the end » (Rhaaaa cet accordéon miamesque) et « The passing light of day »), mais surtout par ces textes dont l’aspect si personnel nous touche parfois jusqu’à mettre presque mal à l’aise (qui ne s’est pas senti ne serait-ce qu’un peu voyeur à la lecture du livret de Remedy lane?). Daniel en a ch… bavé, il est sans doute ressorti changé de ces semaines au contact de la grande faucheuse, et il s’expose et se livre comme rarement, nous offrant ses meilleurs paroles depuis Rem… euh, longtemps. De même, un certain équilibre entre complexité et mélodie s’avère propre aux deux albums (« Full throttle tribe », « On a tuesday ») et confère ce sentiment permanent d’écouter avant tout des chansons, à la signature temporelle certes très complexe… mais des chansons tout de même! Quel plaisir d’écouter Léo martyriser ses fûts suivant des mesures auxquelles je ne comprends quasi rien, un peu d’asymétrie ne faisant jamais de mal dans la vie…

N’allez cependant pas me faire dire ce que je n’ai pas écrit. Remedy lane et The passing light of day demeurent deux albums aux différences pratiquement aussi importantes qu’entre n’importe quels autres oeuvres de la discographie de Pain of Salvation. Plusieurs morceaux du dernier nommé proposent une musique plus posée voir lente, sans pour autant pouvant être considérés comme des ballades à la « Second love ». « The passing light of day » en est un parfait exemple: s’étirant sublimement tout au long de ses 15 minutes, il vient conclure l’album d’une facon apaisée et maitrisée, sans en faire trop. Il apparait presque comme une douce lumière au bout d’un long tunnel de doutes et d’angoisses.

La production de Daniel Bergstrand est une excellente surprise, j’avais quelques craintes (relatives) quant à un possible « gonflage aux hormones » des instruments, mais il n’en est rien. Pêchu et précis, mais aussi plus chaleureux et doux quand le besoin se fait sentir, le son de l’intégralité des instruments impressionne tout au long du disque sans jamais tomber dans l’excès d’artifices. Cette production made in Dugout studio se présente domme comme une parfaite évolution et transition après l’orientation très seventies de la production des deux Road salt. Mea culpa donc. Comme quoi, les préjugés…

Au final, ce mois de décembre passé en compagnie du dernier opus de Pain of Salvation s’est avéré être une magnifique expérience qu’il me tarde d’approfondir le livret en mains. Sans pour autant toucher à la perfection, notamment par la présence d’un ou deux morceaux m’ayant semblés plus dispensables (« Silent gold » avec son côté Pink et « Tongue of god » pour ne pas les nommer) et l’absence d’un peu plus de folie, le groupe nous livre une oeuvre sincère, touchante, et sublime qui valait clairement la peine d’attendre 6 ans (voire plus si vous faites partie de ceux n’ayant pas été séduits par la parenthèse plus rock de Road Salt). La messe est dite, Daniel est revenu du royaume des mourants et Pain of Salvation n’a jamais aussi bien porté son nom. (Sortie le 13 janvier 2017)

9/10

ps: Si jamais ca vous amuse, pour moi maintenant ca donne ca: RL>TPE>BE>TPLOD>RS2>OHBTCL>Scarsick>Entropia>RS1 🙂